La Mémoire de Travail

Rééduquer la Mémoire de Travail

Certains suivis mis en place au cabinet ont pour objectif la rééducation de la mémoire, principalement la mémoire à court terme ainsi que la mémoire de travail.

L’objectif est d’exercer « la mémoire de travail » et « l’administrateur central », et de donner des outils aux patients afin de favoriser la rétention et la manipulation des informations en mémoire, et ainsi d’en améliorer l’encodage, le stockage et la récupération dans leur quotidien. La personne peut être emmenée à inclure son expérience personnelle dans le travail de la remédiation pour faciliter la rééducation.

L’objectif est de donner des outils à la personne afin de favoriser la rétention et la manipulation des informations en mémoire. Ainsi on peut s’appuyer sur les deux types de mémoire, qu’elle peut utiliser plus ou moins en fonction de ses facilités, à savoir : la mémoire visuelle ou la mémoire auditive.

D’après Alain Moret et Michèle Mazeau, la mémoire à court terme consiste à stocker (quelques secondes à une minute) et à restituer passivement certains éléments. La mémoire de travail est définie, elle, par son caractère actif, dynamique, effectuant une transformation des éléments en mémoire.

Il existe différents types d’outils, en voici quelques exemples :

  • La personne peut associer des mots à des nombres, avec parfois des liens phonétiques. Le procédé consiste à créer un lien entre les chiffres à mémoriser et l’image des mots accolés aux nombres. Cette technique permet de mettre en ordre des informations à retenir et d’accroitre ainsi les capacités de rétention. Cette technique peut s’appliquer à la fois avec le canal visuel et auditif, comme par exemple associer un chiffre dit avec un image de ce chiffre représentant une forme ayant du sens ( le chiffre 2 écrit en forme de serpent, etc.), et elle peut également être appliquée sur le mode auditif seul, par exemple associer le chiffre à un mot (le chiffre 1 associé au mot « pain », le chiffre 2 associé au mot « nœud »).
  • La personne peut jouer sur la sonorité des mots, comme le recours aux indices phonétiques, par exemple « mais où est donc Ornicar » sonne bien à l’oreille pour se rappeler les conjonctions de coordination.
  • Enfin, l’individu peut créer des liens, organiser et effectuer des catégorisations. Ce procédé est très efficace pour la mise en mémoire. La catégorisation peut s’effectuer selon des caractéristiques formelles comme la couleur, la taille. L’encodage est généralement meilleur lorsqu’il s’appuie sur du sens, qui permet un traitement en profondeur. La rééducation de la mémoire de travail peut se faire également en rééduquant l’administrateur central. Selon Mazeau : « L’administrateur central est un système de gestion et de contrôle des opérations de traitement, qui sélectionne les éléments à garder actifs, répartit les tâches, planifie les stratégies et alloue les ressources cognitives nécessaires à la conduite de telle(s) ou telle(s) tâche(s) cognitive(s)». Il régit deux systèmes de maintien de l’information en mémoire qui sont : la boucle phonologique, et le calepin visuo-spatial.  Par ailleurs, pour faire travailler la mémoire de travail sur le plan auditif, on peut lire à l’individu une première série de chiffres puis une deuxième série et la personne doit dire si le dernier chiffre de la deuxième série apparaissait dans la première série. Un autre exercice où l’on peut proposer à la personne de coder une phrase à l’aide de chiffres, un chiffre étant associé à une lettre de l’alphabet (dans l’ordre croissant des chiffres et dans l’ordre alphabétique, par exemple : A1, B2) la personne peut également décoder plusieurs chiffres formant une phrase. Cet exercice fait travailler principalement l’administrateur central. Pour les personnes ayant des difficultés de mémorisation, mais qui ne justifient pas une prise en charge en remédiation, des conseils peuvent lui être donnés à la suite du bilan. Les conseils sont, par exemple, de s’organiser en faisant des plans, des résumés des leçons à apprendre, ou encore s’aider d’indices externes comme des agendas, des listes, afin de ne pas surcharger la mémoire. De même, d’après Élisabeth Vincent, écrire peut donner une vision plus synthétique des informations à retenir; et le fait que cela tranquillise peut avoir pour effet d’améliorer les capacités mnésiques en retour.
  • De nombreux outils peuvent également être utilisés préférentiellement, par exemple pour des enfants présentant des troubles du langage. Par exemple, pour une enfant ayant un trouble dysphasique, on peut lui lire une phrase et elle doit citer les mots qui comprennent deux fois le son « a »; plusieurs variantes peuvent alors découler de ce type d’exercice, comme par exemple lui lire des noms d’animaux et l’enfant doit prendre un jeton lorsqu’elle entend une fois le son « o ».
  • Par exemple, le livre « cherche et trouve » est efficace pour faire travailler la mémoire de travail visuelle ainsi que l’attention sélective et soutenue. Cet ouvrage présente différents niveaux dans lesquels plusieurs cibles sont à retrouver parmi un ensemble de distracteurs.
  • La boucle phonologique permet le stockage des éléments langagiers. Ce stockage est effectif grâce à la répétition mentale qui est un processus qui permet le maintien temporaire en mémoire des informations. Le calepin visuo-spatial, quand à lui, sert à stocker les éléments non verbalisables. L’administrateur central établit donc le contrôle des traitements des informations à stocker via la boucle phonologique et le calepin visuo-spatial. L’administrateur central peut donc être rééduqué à travers des outils qui exercent la boucle phonologique et le calepin visuo-spatial.